Prévention

SMR : vers une évolution des suivis médicaux 

surveillance médicale sportifs cyclisme

Un certain nombre de licenciés – l’ensemble des cyclistes inscrits sur liste de haut niveau, sur liste espoirs et collectifs nationaux, ainsi que ceux faisant partie du plan de performance fédéral – sont soumis à la Surveillance Médicale Réglementaire (SMR). Un système que la médecine fédérale fait évoluer, parce que les enjeux ont changé, pour se recentrer sur la santé, notamment considérée comme facteur de performance.

L’objectif initial de la systématisation des bilans biologiques, adoptée au début des années 2000, était la lutte contre le dopage, alors particulièrement urgente. Il s’agissait de visualiser des paramètres hors-normes, fréquents à cette époque, et susceptibles d’altérations majeures sur la santé. 
Or, le contexte a profondément changé. Non seulement le dopage de masse a reculé de façon significative, mais les protocoles de dopage actuels n’entraînent plus les mêmes perturbations biologiques, et les paramètres relevés par les bilans sanguins ne sont plus pertinents. Le dispositif est donc clairement dépassé. 
Cette obsolescence a d’ailleurs été actée dès 2016 par la suppression dans le Code du Sport de l’obligation légale des dits « bilans biologiques ». Il y a donc lieu de rappeler aussi l’objectif de la SMR, telle que définie dans l’article R.231-3 Décret n°2016-1286 du 29 septembre 2016 du Code du Sport : « La surveillance médicale à laquelle les fédérations sportives mentionnées à l’article L.231-6 soumettent leurs licenciés inscrits sur la liste des sportifs de haut-niveau ou reconnus dans le projet de performance fédéral a pour but de prévenir les risques sanitaires inhérents à la pratique sportive intensive. » 

entretien présentation SMR

Or, il est de fait que les vraies anomalies mises en évidence par ces bilans dans le cadre de la SMR s’accompagnent de symptômes cliniquement visibles – à commencer par la fatigue ou une baisse de performance. « Imaginons qu’un individu présente une arthralgie [douleur] de genou. Il faudrait évidemment faire une radio, puis éventuellement une échographie ou une IRM, et potentiellement une analyse sanguine. Ce ne serait pas une raison pour prescrire des IRM de genou à tous nos athlètes, ni rechercher systématiquement une pathologie articulaire avant l’apparition de symptômes ! Dans une pratique médicale adaptée, l’examen clinique est un préalable à tout bilan complémentaire, sauf action de santé publique, tels les dépistages », explique Éric Meinadier, médecin fédéral. 

Dans la quasi-totalité des cas, les analyses sanguines ne font donc que confirmer ce que consultation médicale et examen clinique ont déjà révélé. De fait, pour la majorité des athlètes, les bilans biologiques effectués dans le cadre de la SMR n’ont d’autre utilité que de quantifier un peu vainement un état de fatigue ou une baisse de performance, souvent liés à des enjeux nutritionnels ou hormonaux. 

Il s’agit donc de réviser le caractère systématique de ces bilans biologiques, aussi coûteux qu’inefficaces, au moins quant à la mission d’une médecine fédérale  volontairement recentrée sur la santé des athlètes, y compris dans le cadre de la SMR. Le médecin n’a pas vocation à la surveillance policière. 
 
De ce point de vue, faire les choses dans l’ordre, c’est restaurer la qualité de la relation médecin-patient, et la place de la consultation, avant que de raisonner en termes d’examens biologiques. L’éventuel recours à ces derniers n’interviendra que secondairement à l’examen clinique, et à la suspicion de pathologies ou de carences nutritionnelles (potentiellement nuisibles à la santé aussi bien qu’à la performance). 
 
La démarche de la médecine fédérale consiste à viser l’amélioration de la performance par l’éducation à la santé. « Laquelle n’est pas envisagée naïvement, comme un idéal, précise de docteur Meinadier, mais toujours en lien avec ce contexte très particulier qu’est la vie d’un coureur cycliste de haut niveau. » Il est donc essentiel d’éduquer athlètes et entraîneurs sur les signes de fatigue et de désadaptation nutritionnelle, voire de troubles du comportement alimentaire

Ainsi, réinstaller la médecine dans sa vocation première, hygiénique et thérapeutique, c’est remettre au premier plan l’approche individualisée, le cas par cas.  
Les athlètes sélectionnables en Équipe de France bénéficieront d’un suivi individuel par les médecins fédéraux, et de bilans adaptés à leurs besoins réels. Pour les autres, on recommande un suivi médical de proximité, avec consultation en cas de symptômes cliniques ou, bien sûr, de baisse de performance inexpliquée.  

La médecine fédérale œuvre à la mise en place d’un réseau de médecins du sport. Référencés par la FFC, et formés aux spécificités du sport cycliste, ils seraient donc identifiables par tous les licenciés.

monitoring nolio

L’objectif à terme est de mailler le territoire de ces praticiens référents, de sorte à ce que chaque cycliste puisse trouver localement une consultation spécialisée. « Tout médecin intéressé est ainsi prié de se signaler par l’envoi d’un simple mail à medical@ffc.fr », appelle le Docteur Meinadier. 

En conclusion, cette évolution vise à moderniser la médecine du sport en privilégiant un suivi médical de qualité, plus personnalisé et basé sur des besoins réels, tout en renforçant l’éducation des sportifs pour une meilleure prévention. Elle s’inscrit dans une politique médicale visant à valoriser la santé des athlètes et à promouvoir une approche plus compétente et proactive de la médecine fédérale, aussi bien dans sa mission de protection de la santé, que dans une conception de ladite santé comme facteur de performance.