Événements

Gravel Fever, une réussite incontestable

Des parcours tracés de main de maître par Sylvain Chavanel, un site d’arrivée exceptionnel et convivial, plus de mille participants heureux (toujours) et fourbus (parfois) pour une première édition.

gravel fever

De 25 à 400km, il y en avait pour tous les appétits : la première Gravel Fever organisée par FVE, filiale évènementielle de la FFC.

C’était une première. C’était un pari aussi, un pari que FVE (France Vélo Évènement), la filiale évènementielle de la FFC a relevé avec brio. Il ne s’agissait pas tant d’ajouter une ni même plusieurs épreuve(s) supplémentaire(s) au calendrier, que d’organiser un véritable festival célébrant la pratique et la « philosophie » du Gravel – son épicurisme et sa convivialité.

Ainsi à Châtellerault, La Manu, « tiers-lieu » établi en bord de Vienne sur le site de l’ancienne manufacture d’armes, et qui héberge aussi bien un musée de l’automobile et du vélo qu’une patinoire et une école du cirque, donnait-elle le ton. The place to be. Au pied des immenses cheminées de brique, exposants (producteurs locaux et marques de cycles) et foodtrucks avaient déployés leurs auvents. Entre deux animations de trial ou en accueillant les finishers, on servirait là pas moins de 1500 cafés par jour, des tombereaux de crêpes, de frites et autres healthy bowls.

Formats d’aventure

Tel était le point de ralliement proposés aux 1042 participants enregistrés au cours du week-end. Car oui, à défaut de courses au sens strict, plusieurs formats d’aventures étaient proposés au fil du week-end : 25, 50, 80 (en duo), 120 ou 160km pour satisfaire tous les appétits chemineaux (en moyenne, on ne dépassait guère les 25% de bitume, et 10% pour le parcours 80km : c’est Sylvain Chavanel lui-même, local de l’étape et traceur en chef de la Gravel Fever, qu’il faut en remercier !) De la balade en famille, à la performance sportive en passant par la sortie en couple ou entre copains, tout partait et tout revenait à La Manu de Châtellerault. Au principe de cette heureuse ambiance, à n’en pas douter, une proportion inhabituelle de concurrentes : toutes épreuves confondues, environ 20% de femmes (contre 8% à l’Étape du Tour).

Le 400, distance inhabituelle

Mais la veille au soir, tout était parti du vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, quelques 400km plus au Nord. 82 partants, dont 5 femmes, s’étaient élancés à 16 heures sous un soleil radieux que la pluie et la nuit viendrait bientôt contrarier. Si la trace était un peu « joueuse » au début (traversée de la vallée de Chevreuse), ce sont les conditions météorologiques qui usèrent les courages. La pluie tombait dru jusqu’en milieu de nuit, et laissa place à un fort vent défavorable. Le premier checkpoint, à Orléans vit émerger de l’obscurité des concurrents passablement crottés et déjà fatigués. Abricots secs, soupe ou pizzas chaudes eurent leur succès. À Tours, le second accueillit force siestes, dont tout le monde ne repartirait pas. Et au final, seul 35 rescapés atteindraient à vélo La Manu de Châtellerault. Après 17 ou 30 heures de selle !

« La distance, explique Pierre-Louis Manouvrier, arrivé en moins de 24 heures, était très inhabituelle : la question de savoir s’il fallait dormir ou pas était difficile à trancher. 400km, c’est court pour un ultra, et en même temps c’est déjà de l’ultra ! On en a vu s’arrêter pour dormir à seulement 25km de l’arrivée. Même chose pour les bagages à emporter : j’avais pris de quoi me changer totalement, ce qui ne m’a pas servi. Mais si j’étais parti plus léger, allez savoir… »

Indiscutablement, cette première édition de la Gravel Fever ajoute au registre d’une pratique encore neuve, née sur les chemins blancs américains (Dirty Kanza) ou toscans (Strade Bianche), étendue aux chemins ocres (Roc Gravel) et désormais à la glaise francilienne, aux ornières beauceronnes ou poitevines. « Tant que tu ne te fais pas mal aux bras, qu’il n’y a pas de marches ou de racines, c’est du Gravel » dit-on chez FVE par la voix de Marius Louvet.

Témoin de ce succès, la très grande proportion de concurrents qui, pour recrus qu’ils fussent, étirèrent longuement les heures, un café ou une bière à la main, sur le site de La Manu.

La Gravel Fever ne retombe pas comme ça !